Leadership et prise de décision : Intégrer l'Intuition dans le processus
- Rodrigue
- il y a 42 minutes
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J'ai une question pour vous aujourd'hui. Quelle est la qualité la plus importante d'un bon décideur ?
La plupart d'entre nous répondraient : la logique, la rationalité, la capacité à analyser des données froides et objectives. On nous a appris à nous méfier de nos émotions, à les voir comme un "bruit" qui parasite la "bonne" décision.
Et si c'était un mythe ?
Et si votre intuition, ce "pressentiment", n'était pas de la magie, mais une forme de traitement de l'information ultra-rapide et extraordinairement puissante ? Et si les émotions n'étaient pas l'ennemi, mais une donnée essentielle ?
Aujourd'hui, nous allons réconcilier la raison et l'émotion pour faire de vous un décideur plus complet et plus percutant. Préparez-vous à prendre de meilleures décisions, non pas en ignorant vos émotions, mais en les écoutant intelligemment.
1. Système 1 vs. Système 2
Pour comprendre l'intuition, il faut connaître les travaux du prix Nobel Daniel Kahneman. Il a montré que nous avons deux systèmes de pensée qui cohabitent dans notre cerveau.
Le Système 1 : Votre Pilote Automatique. Il est rapide, instinctif, émotionnel et basé sur la reconnaissance de schémas. C'est lui qui vous permet de conduire sans penser à chaque geste ou de savoir instantanément si une personne est contrariée. Votre intuition, c'est le Système 1 qui parle. Il est le fruit de milliers d'heures d'expérience accumulée. Un "pressentiment" est souvent votre cerveau qui a reconnu un schéma familier sans que vous en ayez conscience, parfois même la captation d'un fait spirituel difficile à traduire.
Le Système 2 : Votre Pilote Manuel. Il est lent, logique, délibéré et analytique. C'est lui que vous activez pour résoudre un problème de maths complexe ou remplir votre déclaration d'impôts.
Une mauvaise décision, c'est souvent utiliser le mauvais système au mauvais moment. C'est répondre instinctivement (Système 1) à une question qui demande une analyse profonde (Système 2). Un leader émotionnellement intelligent ne rejette pas son intuition (Système 1). Il l'accueille comme une donnée brute, une hypothèse de travail. Puis, il engage son Système 2 pour la vérifier, la challenger et la valider avec des faits et une analyse rigoureuse. Il écoute son cœur, puis il utilise sa tête. Un leader expérimenté et spirituel apprend à donner parfois du poids à son intuition par rapport à sa raison même lorsqu'il n'a aucune raison de le faire. Il appris par l'expérience et la pratique à identifier des
2. Éviter les pièges émotionnels
Le problème, c'est que notre Système 1, aussi puissant soit-il, est sujet à des erreurs systématiques : les biais cognitifs. Ce sont des raccourcis mentaux qui peuvent nous induire en erreur, surtout quand les émotions sont fortes. En voici trois que tout leader doit connaître :
Le Biais de Confirmation : La tendance à chercher et à privilégier les informations qui confirment nos croyances existantes, et à ignorer celles qui les contredisent. Si vous êtes convaincu qu'un projet est une bonne idée, votre cerveau cherchera activement les preuves qui le soutiennent.
L'Aversion à la Perte : Psychologiquement, la douleur de perdre 100€ est deux fois plus puissante que le plaisir d'en gagner 100€. Ce biais nous rend trop prudents et nous fait refuser des risques calculés, simplement par peur de perdre.
L'Excès de Confiance : Le piège classique du succès. Des victoires passées peuvent nous rendre excessivement confiants dans nos jugements et nous faire ignorer les signaux d'alarme.
La conscience de soi est un antidote à ces pièges. C'est la capacité à se demander : "Est-ce que je suis en train de tomber amoureux de mon idée ? Est-ce que la peur de perdre guide ma décision ? Suis-je trop confiant ?". L’autre antidote, c’est le discernement : la capacité à apprécier avec justesse et clairvoyance une situation, des faits, des personnes.
3. Annoncer une décision difficile
Prendre la décision est une chose. La communiquer en est une autre, surtout quand elle est difficile (licenciement, restructuration, etc). C'est un moment où l'intelligence émotionnelle du leader est mise à rude épreuve.
Le pire est l'ambiguïté, les non-dits, le jargon managérial. La clé, c'est la transparence et l'empathie. Ray Dalio, fondateur du fonds d'investissement Bridgewater, a mis en place une culture de "Transparence Radicale". Le principe est que chacun doit comprendre la logique derrière chaque décision, même s'il n'est pas d'accord. Cela réduit les rumeurs et le sentiment d'injustice, car le processus est perçu comme équitable. (Notez bien : c'est un extrême, à vous de trouver la façon qui vous convient le mieux).
Voici un bon script pour annoncer une décision difficile, en 4 étapes :
Clarté et Directivité : Allez droit au but. "Je dois vous annoncer une décision difficile. Nous allons devoir..." Pas de faux-fuyants.
Le "Pourquoi" : Expliquez la logique business de manière transparente et honnête. "Voici les raisons qui nous ont conduits à cette décision ..."
Reconnaissance de l'Impact : Validez l'émotion. C'est la partie la plus importante. "Je sais que c'est une nouvelle choquante et difficile, et je suis profondément désolé pour l'impact que cela aura sur vous."
Soutien et Prochaines Étapes : Montrez votre empathie par des actions concrètes. "Voici ce que nous allons faire pour vous soutenir dans cette transition ..."
Cette structure ne rend pas la nouvelle plus agréable, mais elle préserve la dignité et la confiance, qui sont les actifs les plus précieux d'un leader.
Une bonne décision n'est pas une décision sans émotion. C'est une décision où la raison et l'émotion ont travaillé en équipe.
Votre défi cette semaine : La prochaine fois que vous devrez prendre une décision importante, identifiez explicitement une intuition (Système 1) et une analyse factuelle (Système 2).




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