La Conscience de soi (Pilier 1): Apprenez à piloter votre monde intérieur

Vous es

t-il déjà arrivé de réagir de manière complètement disproportionnée à un événement anodin ? Une simple remarque, un e-mail un peu sec, et soudain, vous explosez, vous fuyez ou vous vous bloquez, pour le regretter amèrement quelques minutes plus tard.

Si cette situation vous est familière, rassurez-vous. Ce phénomène a un nom, et il est au cœur de la compétence fondamentale sur laquelle repose toute l'intelligence émotionnelle : la conscience de soi.

L'objectif de cet article est de vous donner les clés pour devenir un meilleur observateur de vous-même, afin de passer du statut de passager à celui de pilote de votre monde intérieur.

Qu'est-ce que la Conscience de Soi ?

La conscience de soi est la pierre angulaire de l'intelligence émotionnelle. C'est la capacité à reconnaître et à comprendre ses propres humeurs, émotions et pulsions, ainsi que leur effet sur les autres.

Cela va bien au-delà de la simple identification d'une émotion ("je suis en colère"). Il s'agit de :

• Comprendre ses déclencheurs.

• Connaître ses valeurs profondes.

• Avoir une évaluation honnête de ses forces et faiblesses.

En somme, c'est faire preuve de lucidité sur son propre fonctionnement interne.

Le "Détournement de l'Amygdale" : Comprendre nos réactions explosives

Pour comprendre nos réactions excessives, un petit voyage à l'intérieur de notre cerveau s'impose. Imaginez-le comme un bâtiment sécurisé :

• Au sous-sol se trouve l'amygdale, notre système d'alarme primitif. C'est un "détecteur de fumée" hyper-sensible, conçu pour scanner l'environnement à la recherche de menaces et se déclencher à la moindre alerte.

• Au dernier étage se trouve le cortex préfrontal, le siège de la pensée rationnelle. C'est notre "pompier expert", dont le rôle est d'analyser calmement la situation et de déterminer s'il s'agit d'un véritable incendie ou d'un simple toast brûlé.

Parfois, le signal du détecteur de fumée est si rapide et si intense qu'il court-circuite le pompier expert. C'est ce que Daniel Goleman nomme le "détournement de l'amygdale". Le système d'alarme prend le contrôle total pour un simple toast brûlé. C'est précisément à ce moment que nous disons et faisons des choses que nous regrettons.

La conscience de soi, c'est apprendre à reconnaître le son de cette alarme pour donner le temps au pompier d'intervenir.

Identifier nos "boutons rouges"

Ces "détournements" ne se produisent pas au hasard. Ils sont activés par nos "boutons rouges", nos déclencheurs personnels, souvent liés à des blessures émotionnelles passées (peur du rejet, de l'échec, de paraître incompétent, etc.).

Prenons l'exemple de CiCi et Daisy.

• CiCi est une formatrice brillante mais qui manque parfois de tact.

• Daisy est une nouvelle employée, anxieuse et terrifiée à l'idée de paraître stupide (son bouton rouge).

Lors d'une formation, Daisy pose une question. CiCi répond sèchement : "C'est une question très basique, la réponse est évidente". Pour CiCi, ce n'est qu'une information. Pour Daisy, cette phrase appuie en plein sur son bouton rouge. Son amygdale prend le contrôle, les larmes lui montent aux yeux et elle quitte la pièce en courant, laissant CiCi désemparée.

Cet exemple illustre parfaitement comment des déclencheurs inconscients peuvent nuire à la collaboration. La conscience de soi, pour Daisy, serait d'identifier ce bouton. Pour CiCi, ce serait de réaliser l'impact de ses paroles sur les autres.

Développer sa granularité émotionnelle

La neuroscientifique Lisa Feldman Barrett a démontré que les personnes capables de nommer leurs émotions avec précision sont bien meilleures pour les gérer. La plupart des gens se contentent de dire "je me sens mal". Mais "mal" comment ? Êtes-vous :

• Agacé ?

• Déçu ?

• Anxieux ?

• Frustré ?

• Vexé ?

Le simple fait de trouver le mot juste – un processus appelé étiquetage ("labeling") – réduit l'activité de l'amygdale (le détecteur de fumée) et augmente celle du cortex préfrontal (le pompier expert). Votre émotion passe du statut de "vérité submergeante" à celui de "donnée à analyser". Et une donnée, on peut agir dessus.

Pour vous aider, le Yale Center for Emotional Intelligence a développé l'outil RULER :

• Recognizing (Reconnaître l'émotion)

• Understanding (Comprendre ses causes)

• Labeling (Nommer l'émotion)

• Expressing (Exprimer l'émotion)

• Regulating (Réguler l'émotion)

La conscience de soi couvre les trois premières étapes : Reconnaître, Comprendre et Nommer.

Exercice pratique : Le journaling du Leader

Le journaling est une pratique de clarification mentale utilisée par d'innombrables leaders, de Thomas Edison à Warren Buffett. La recherche a prouvé que 15 minutes d'écriture sur des événements émotionnels ont des bénéfices mesurables sur la santé physique et psychologique.

Voici un exercice simple à commencer dès ce soir. Pour chaque émotion forte ressentie aujourd'hui, posez-vous 3 questions :

1. Le Déclencheur : Que s'est-il passé factuellement ? (Ex : "Mon collègue a interrompu ma présentation.")

2. L'Émotion : Quel mot précis décrit ce que j'ai ressenti ? (Au-delà de "colère", était-ce de l'humiliation ? Un manque de respect ?)

3. La Réaction : Quelle a été mon impulsion première et qu'ai-je fait réellement ? (Ex : "Mon impulsion était de lui dire de se taire. J'ai finalement perdu le fil de mes idées.")

Faites cet exercice pendant une semaine. Vous commencerez à voir des schémas émerger, à identifier vos "boutons rouges" et à mieux comprendre votre fonctionnement. C'est la première étape indispensable pour reprendre le contrôle.

Passez à l'action : Votre défi pour cette semaine : essayez l'exercice de journaling pendant 5 jours. Partagez "Défi relevé !" dans les commentaires pour inspirer les autres à s'engager dans ce voyage intérieur, le plus important de tous.

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